L’Ecole de la nuit est de retour et nous sommes heureux de vous inviter à notre sixième session, « c’est quoi l’intelligence », conduite par Alain Prochiantz, neurobiologiste et, entre autres, directeur du Centre interdisciplinaire de recherche en Biologie au Collège de France et Evelyne Pieiller, membre de le rédaction du Monde diplomatique.
Comme à l’accoutumée, les places sont très limitées et la réservation est obligatoire. Une participation financière dont le montant sera à la discrétion de chacun sera demandée.
Pour réserver : info@ecoledelanuit.org
L'ECOLE DE LA NUIT
A la fin du XVIe siècle, à Londres, un groupe qui s’est nommé L’Ecole de la Nuit—School of Night, se réunit régulièrement, et clandestinement. C’est un groupe de stars: des auteurs de théâtre, des savants, des aventuriers chéris de la Reine. Ils ont le goût de la marge, du risque, du dépassement du sens commun. Il y en a parmi eux qui cherchent la gloire (Christopher Marlowe), d’autres qui cherchent à fonder des utopies dans le Nouveau Monde (Walter Raleigh), tous aiment le plaisir: mais ce n’est pas ce qui les réunit. Ce qui les réunit, c’est l’audace de la pensée. Ils veulent penser le plus librement possible, le plus loin possible, pour se débarrasser des vieux empêchements qui brident l’imagination et font passer la conformité pour l’ordre éternel des choses. Ils s’appuient sur les découvertes des savants, et ces découvertes sont dangereuses: en particulier, celle qui affirme que l’univers est infini. Ce n’est pas ce que dit la Bible, ce n’est pas ce que disent les autorités. Ce savoir-là est interdit. C’est pourquoi ils se font très discrets. Mais actifs. L’un d’eux invente le théâtre anglais, un autre fait connaître la circulation du sang, un autre encore propage l’idée qu’il existe des galaxies par milliers…
Il n’y a aucun danger évidemment aujourd’hui à se réunir pour chercher à se donner les moyens de penser librement. D’autant qu’on a assez tendance à considérer qu’on y arrive à peu près correctement tout seul. Et que de surcroît, le monde étant ce qu’il est, c’est plutôt de solutions concrètes qu’on a besoin, notamment quand on pratique un art. C’est parfaitement exact. Sauf que, pour élaborer des solutions concrètes, il est assez utile de connaître les… empêchements. Ce à quoi contribue toute réflexion précise sur ses conditions d’exercice : pourquoi, pour qui, comment? Afin d’ouvrir un chemin qui mènerait des conditions réelles, à celles qu’on peut espérer. Evelyne Pieiller
SESSION #6 - C'est quoi, l'intelligence ?
Il y a de nombreuses façons de questionner ce qu’il en est de l’intelligence. Existe-t-elle sous des formes différentes, manuelle, émotionnelle, abstraite, par exemple? L’intelligence mathématique est-elle sa forme la plus achevée? Peut-on parler d’intelligence animale, comment considérer l’”intelligence artificielle”?
Pour commencer à se repérer, on peut chercher une définition. Selon le Larousse, c’est la “capacité de saisir une chose par la pensée”. Façon policée de tourner en rond, comme le firent également souvent autrefois les philosophes et les théologiens, en renvoyant à une faculté de … l’esprit immatériel. La tête d’un côté, le corps de l’autre, vieille histoire, mais vraie interrogation. Comment peut se faire le lien? C’est la neurobiologie qui peut considérablement aider à le comprendre, non pour en trouver le gène, mais pour approfondir “la naturalisation de l’esprit, comprise comme l’étude des mécanismes cérébraux, et aussi de la façon dont ils se développent et ont évolué” (Alain Prochiantz). Reste la sourde interrogation—est-on un raté, un inutile, quand on ne brille pas par l’intelligence? Là, c’est l’art qui proposera des réponses.