"Je ne veux plus vous voir (mais c'est provisoire)" de Laura Lafon
On n’utilisait pas d’épluche-légumes. On préférait peler les patates avec un couteau sur le journal de la veille. J’ai découvert ça en quittant la maison pour me mettre en co-location.
Quelques jours après mon emménagement, je suis partie une journée à la mer avec celle qui deviendrait rapidement mon amie. Dans la voiture, on est tombé sur France-Culture ; ça parlait de René Char, je me souviens avoir imité le présentateur. Je n’avais évidemment jamais entendu parler de lui et à la maison c’était une culture qui ne nous appartenait pas. On tombait dessus, on écoutait deux-trois phrases, on rigolait avant de zapper. Fanny elle, laissait l’émission.
Ce projet est l’aboutissement en images d’un questionnement qui préoccupait déjà l’enfant, qui forge sûrement l’adulte. Le sentiment de trahir son milieu d’origine, et l’angoisse malgré tout d’une disparition inévitable.
événement dans le cadre du Mois de la Photo-OFF