"Mais il arrive que la nuit tombe à l'improviste" avec APKASS + BRUCE CLARKE
Apkass sera en concert à l'occasion de la sortie de son livre-disque, «Mais il arrive que la nuit tombe à l’improviste» dans lequel poésie, musique, peinture et phonographie sont convoquées et mobilisées pour retracer trois jours de l’existence d’un homme en exil, Jean Tshisuaka. De Paris à Kinshasa, l’auditeur-lecteur suit les pas du jeune homme, en errance à travers les deux villes, à la recherche de sa place dans chacune d’elle.
Au livre qui fait dialoguer les textes d'Apkass et les œuvres du plasticien Bruce Clarke, succède ensuite, un album composé par Jr EakEe, Florent Dupuit avec une phonographie de Jérémi Nureni Banafunzi, Benoit Thuault et Apkass.
Un disque
D’autre part le son, sous deux formes lui aussi. Une phonographie d’abord, pensée comme écriture sonore qui matérialise les villes, celle de l’exil et celle des origines et du retour, à travers leurs bruits et leurs éclats. Elle s’efforce de saisir, puis de restituer la géographie de Paris et de Kinshasa traversées par les pas et les pensées tourmentées de Jean Tshisuaka. Cette création sonore confère, par son montage et sa mise en scène, une dimension cinématographique à l’écoute du disque.
A la phonographie s’entremêle ensuite la musique, l’âme du disque. Un quatuor à corde, une section cuivre, des percussions, treize musiciens et des arrangements qui dressent des ponts inédits entre jazz, soul des années 70, afrobeat, reggae et hip hop, dans un souci constant d’hybridation et de cohérence.
Enfin, les mots jusque-là figés, fixés par l’encre sur la feuille prennent vie. Scandés, déclamés en rythme sur la musique par Apkass, ils se déploient, investis et mus par elle. Ils racontent trois jours décisifs de l’existence de Jean Tshisuaka. La dernière journée à Paris, ville de l’exil, marquée par la décision de rentrer, et les deux premières à Kinshasa, où il doit renaître à lui-même et se réapproprier sa ville natale.
Des illusions de l’immigré confronté au principe de réalité, aux espoirs de l’enfant prodigue retourné au pays, ce trajet pourrait être le parcours inversé de ce que nous décrit Abdelmalek Sayad dans La double absence.
Les textes décrivent Paris, les affres de l’exil, la nécessité de la subsistance ; puis, effectuent un bon prodigieux vers Kinshasa et ses 50 ans d’indépendance dont Jean Tshisuaka mesure la confiscation avec l’acuité de celui qui voit pour la première fois.