




Interview 'Coming Soon' Guiss Guiss Bou Bess
Avec les interviews Coming Soon, FGO-Barbara donne la parole aux artistes émergent·es programmé·es dans ses murs. L'occasion rêvée de (re)découvrir leurs projets et leurs inspirations, le tout en quelques anecdotes ! De quoi attiser la curiosité de vos oreilles pour patienter jusqu'au live. Aujourd'hui, place à Mara et Stéphone de Guiss Guiss Bou Bess, deux membres du trio franco-sénégalais qui déborde d'un éclectisme diluvial et outrepasse les codes avec des sons urbains, des beats furieux et des percussions puissantes pour nous présenter : l'électro Sabar.
La meilleure chanson pour vous découvrir ?
Steph et Mara : Jigueenu Africa ! Notre premier titre, sorti en 2018, mais que l’on prend toujours plaisir à jouer sur scène. Un hommage aux femmes sénégalaises sans qui le Sabar ne pourrait exister. Le clip réalisé par Benjamin Richard Foy nous plonge dans l’univers des tànnëbéer, événement nocturne fait de paillettes, de danses et de percussions en plein cœur de la Medina, quartier populaire de Dakar où a grandi Mara.
Quelle est la signification de votre nom de scène et qu'est-ce qui caractérise votre projet ?
Steph et Mara : Littéralement, ça pourrait se traduire par « nouvelle vision ». Une nouvelle vision pour le Sabar, à la rencontre des rythmes et des sons des musiques électroniques, comme lorsqu’à la fin des 70’s il a rencontré la salsa pour donner naissance au Mbalax. Une nouvelle vision pour les musiques électroniques que l’on s'efforce d’adapter aux polyrythmies, aux timbres et à l’énergie vibrante du Sabar, en puisant là aussi dans son histoire plus récente, mais très dense, à la recherche de styles et de sonorités propices à la fusion de ces deux cultures musicales.
Un·e artiste avec qui vous aimeriez collaborer ?
Mara : C’est difficile, il y a tant d’artistes avec qui j’aimerais faire une collab. Mais si je devais choisir une personne, ce serait Youssou Ndour, parce qu’il y a une histoire avec mon père, depuis les années 70/80. C’est un artiste que j’admire, et que l’histoire retiendra.
Quelles sont vos inspirations musicales principales ? Un·e artiste ou un morceau vous a-t-il·elle donné envie de faire de la musique ?
Mara : Il y a beaucoup d’artistes qui m’ont donné envie de faire de la musique depuis petit : il y a Salif Keita, Sekouba Bambino, Cheikh Lo, Mory Kante avec le morceau Yeke Yeke, quand j’étais gamin j’entendais tout le temps ceux-là à la radio. Et les « rétros » des années 60-70-80, de l’époque de mon père, du Super étoile de Dakar... S’il fallait citer un seul, ce serait un morceau de Cheikh Lo, « Guiss Guiss », comme le nom de notre groupe, un morceau que je pourrais écouter en boucle.
Steph : Beaucoup de genres et d’artistes aussi ! J’ai un gros penchant pour tout ce qui est issu de la bass culture anglo-jamaicaine : du Reggae roots au dub, en passant par le dancehall digital des 80’s, puis la jungle/drum and bass, le dubstep et UK garage… mais aussi beaucoup de hip hop, de funk et de soul. Sur le plan des influences vraiment marquantes, les artistes de la scène de Bristol des années 90 (Portishead, Massive Attack, Smith & Mighty, Roni Size…) qui avaient réussi à produire de belles fusions de tous ces genres. Et la scène dub française des 00s avec High Tone, Ek3kiel, Zenzile ou Le peuple de l’herbe, qui ont su insuffler une énergie très live aux musiques électroniques. Je pense que ça a été décisif dans ma façon de jouer et de créer.
Vos rituels d’avant-scène ?
Mara : C’est un moment très important avant de monter sur scène, je dois prendre beaucoup d’énergie et me concentrer sur moi. Même les gens qui sont avec moi, avec le groupe ou le staff, savent qu’il ne faut pas me déranger, il faut me laisser tranquille.
Steph : Faire quelques étirements, et en fonction de l’heure, manger des fruits, ou boire une petite bière.
Une anecdote en tournée, concert ou studio ?
Mara : Vous savez, quand tu es un·e artiste tu peux vivre des bons moments, mais il y a aussi des moments compliqués, pendant un concert ou avant. Je me rappelle d’une fois où on devait partir aux Iles Canaries, il y avait un grand salon qui s’appelle le Womex, et j’étais bloqué à l’aéroport pour un problème administratif : mes collègues ont dû partir sans moi, je suis resté à attendre à Paris. Et finalement j’ai dû partir le lendemain en Belgique, passer par l’aéroport de Charleroi pour arriver là-bas. Le concert avait lieu le jour-même, je suis arrivé in extremis et j’étais fatigué, crevé… Finalement on l’a fait, et c’était un beau concert, mais c’était vraiment éprouvant. Mais ça fait aussi partie de l’histoire d’un artiste je pense !
Des actus à venir pour votre projet ?
Un album vinyle ! Sortie en mai, mais chut c’est un secret. Et pas mal de collaborations qui verront le jour dans les mois qui viennent.
Un morceau coup de cœur récent ?
Steph et Mara : Kalanakh de nos sista Defmaa Maadef. La track originale a une super vibe bien énergique, et les remixes regroupés sur le label Blanc Manioc sont vraiment chauds ! Pour l’anecdote de connaisseur·euses, le break rythmique principal est un clin d’œil en hommage au rythme des majorettes du Lycée Kennedy de Dakar, composé par le grand tambour major Doudou Ndiaye Rose, qui est encore joué chaque 4 avril lors du défilé de la fête de l’indépendance au Sénégal. Bref un morceau qui nous parle et nous ambiance bien !