La musique d'Asinine est le reflet déformé, parfois embelli, souvent enlaidi de sa propre personne. De manière sincère et brute, elle parvient à retranscrire des émotions vives, trop vives même pour être ressenties. Elle raconte des vraies choses, exorcise des vraies peurs, et ravive de vrais chagrins. Prise entre la sensation d'être la meilleure et celle d'être la pire, elle accepte d'être les deux sans concessions. Ce sera elle pas un autre.

Rappeur originaire de Libreville au Gabon et âgé de seulement 24 ans, Benjamin Epps a sorti un premier EP de qualité intitulé « Le Futur » en décembre 2020 où il s'exerce sur des instrus tantôt sombres, tantôt jazz lumineuses, mais toujours marquées d'un bon boom bap venu de la côte est américaine. Un son qui a bercé les oreilles des enfants et adolescents du milieu des années 90. Ce qui surprend d'emblée sur ce premier projet c'est sa voix haut perchée, claire et directement reconnaissable. Puis, c'est l'aisance technique qui est bluffante : Les placements, le flow souple, posé sans efforts et les rimes qui fusent avec un sens de l'image, tout cela sans tomber dans le cliché de la machine à rapper. Après nous avoir présenté sa vision du futur sous forme d'EP il y a quelques mois, le jeune rappeur Benjamin Epps s'est associé au Chroniqueur Sale, youtubeur/producteur, le temps d'un projet concis et incisif : « Fantôme Avec Chauffeur ». Benjamin Epps aborde une démarche authentique avec ce nouvel EP. Son amour pour le Hip-Hop se retranscrit dans ses références, ses punchlines assassines, ses assonances et allitérations, qui proviennent aussi d'une volonté de monter durablement mais sans concessions sur le trône.

« Waiting for the sun »… Une posture d'attente que n'aura pas eue le trio parisien en signant avec le label Born Bad. La bande de MUSIC ON HOLD est en effet, simplement arrivée avec sa démo sous le coude, remplie de soleil contagieux, de verbe volubile mis en valeur par d'agiles mélodies… Il n'en faut parfois pas beaucoup plus pour convaincre et la comparaison avec la bande à Morrison s'arrête donc bien là. En dix titres sacrément bien troussés, le grand échalas Emile Cartron-Eldin se tortille sur des chansons aux atours de bedroom pop faussement indolente et à la LoFi bien malicieuse. Musicien conscient et débrouillard, Emile Cartron-Eldin est aussi un activiste connu sur la place des musiques « bizarres » comme organisateur de soirées, à haute teneur en THC et PCP, intitulées « Gone with the weed ». Pourtant, là encore, il n'est pas question réellement de psychédélisme dans la musique de MUSIC ON HOLD, les textes traitent en effet, de sujets de Sciences Sociales, questionne notre libre-arbitre, raconte la « collectionnite » des fans de vinyles, rêve d'un retour au monde d'avant (même si la fin de soirée sent la clope froide et la fatigue alcoolisée)… Ce qui frappe effectivement à l'écoute de « 30 minutes of… Music on Hold », c'est son immédiateté et son syncrétisme musical. Difficile de ne pas voir dans ces pop songs la paternité habillement refoulée des bricolages de R. Stevie Moore et Gary Wilson, des dingueries de Ziggy Stardust ou une attractivité propre à cette génération Y pour les compositeurs inextinguibles comme Mac DeMarco. MUSIC ON HOLD a déjà aussi sa petite histoire dans le monde du DIY avec en point d'orgue, une tournée avec leur pote Nathan Roche (Villejuif Underground), montée en quatre coups de grelots et de caisse empruntée. Ces premiers kilomètres avalés en amèneront bien d'autres sur les années à venir et tout commencera donc avec le lancement de leur premier album le 2 février 2021.

Kids Return, c'est d'abord une grande histoire d'amitié depuis l'enfance entre Adrien Roze? et Clément Savoye. C'est a? Paris, a? l'âge de 13 ans que les deux musiciens se rencontrent. Comme le film du réalisateur japonais Takeshi Kitano dont il tire son nom, le projet du duo français nous parle de la profondeur que contient la fausse naïveté de l'enfance, et de la puissance évocatrice de la nostalgie lorsqu'elle rend floue la frontière entre joie et tristesse. Le son de Kids Return se situe quelque part entre la pop californienne des Mamas and the Papas, les orchestrations de Vladimir Cosma et la pudeur des bandes sons de Joe Hisaishi. Il puise dans l'énergie de Blur et dans les harmonies vocales de MGMT, tout en revisitant ces influences anglo- saxonnes avec la précision et la délicatesse des arrangements d'un groupe comme Air. Le résultat, c'est une mélodie romantique et mélancolique, un laboratoire d'émotions qui se pense en images.

Originaire de Turquie, Selman Faris est un artiste pluriel, multi-instrumentiste, riche d'un bagage culturel intense. Un jour en concert avec son père musicien à Istanbul, le lendemain en studio avec Alpha Wann, le quotidien de Selman n'a rien de commun. En seulement quelques années, il a déjà collaboré avec des artistes majeurs de la scène française (Nekfeu, Alpha Wann, Laylow, Stromae, Jäde, etc.). Il a même orchestré la musique du film « Les Étoiles Vagabondes » de Nekfeu, et, plus récemment, celle du court-métrage de Laylow. Une pluralité musicale qu'il tient directement de son père, artiste important de la scène turque. C'est dans la continuité de cet héritage qu'il sortira bientôt son premier EP, dont un premier titre « Tofas » déjà sorti. Une musique rythmée, entièrement jouée par Selman, qu'il imagine comme un voyage sur les côtes méditerranéennes. Avec une pointe parfois nostalgique, parfois moderne, il explore ce qui le rattache à ses origines avec ses goûts plus variés allant de la funk, du jazz de l'afro beat au rap ou à l'electro. Le tout offrant une musique solaire et très riche. Ce premier concert à FGO-Barbara marque le démarrage d'une carrière solo qui promet beaucoup, sur disque comme en live, et qui permettra à Selman Faris de montrer tout l'étendu de son talent, entre chant, guitare, alto et ney.