JOUR 1 Magic Barbès
D’UNE DÉAMBULATION À UN CONCERT D’EXILÉS POÉTIQUES, BARBÈS LA PLURIELLE
Magic Barbès c'est le rendez-vous incontournable du quartier de la Goutte d'Or. Du 28 septembre au 2 octobre le cœur des habitant.es du 18ème bat aux rythmes des déambulations, concerts, pièce de théâtre, expositions, et battle de danse. Cette année cette 12ème édition est placée sous le signe du Social Club, pour mettre à l’honneur un quartier qui se fait l’écho et le berceau de deux siècles de luttes, d’engagements culturels et d’expressions artistiques. Ces cinq jours de fête ont été l’occasion de prouver une fois de plus que, Barbès n’a pas dit son dernier mot, Barbès continue de se battre et de forger cette identité plurielle si caractéristique.
18h30, le chœur de femmes emmené par Souad Asla sort de l’Institut des Cultures d’Islam rue Léon. Costumes et instruments traditionnels accompagnent ce grand tintamarre qui très vite, interpelle tous les passant.es. Une vieille dame à sa fenêtre ouvre aussitôt ses volets, le sourire aux lèvres, elle frappe dans ses mains de bon cœur. Le spectacle depuis son balcon, c’est la fête rue Léon ! Très vite les automobilistes s’écartent, les jeunes parents suivent le cortège avec leur poussette, et les plus curieux.ses se risquent à quelques chants et photos. Arrivé devant l’église Saint Bernard, le chœur forme un cercle où chaque danseuse s’exprime à tour de rôle par un pas de danse, un chant, un cri du cœur. Les enfants, les badaud.es sont tiré.es par la main par Souad Asla, bien décidée à briser la timidité des dernier.es réfractaires ! Le cortège s’élance de nouveau, direction FGO-Barbara, son terminus. A deux pas de l’arrivée, c’est devant le kebab Annaba Food que les chanteuses sont interpellées par les hommes et habitués du snack : « C’est Souad Asla ? Revenez tous les jours si vous voulez ! ». Ils sont nombreux à jouer du tambourin, ou encore à emboiter un pas de danse à Souad. A ce stade, l’assemblée a doublé ses rangs, et ce sont près de 40 personnes qui participent maintenant à la déambulation.
Choeur de femmes devant l'Institut des Cultures d'Islam
19h, arrivée à FGO-Barbara. Les premier.es invité.es dans le hall d’entrée passent une tête par la porte curieux.ses de découvrir l’origine de toute cette agitation. Très vite l’ensemble du cortège s’engouffre dans FGO-Barbara et prend d’assaut le centre de la piste. Dernier rond de danse, chants, youyous… c’est toute la salle qui est traversée par l’énergie folle déployée par ce chœur de femmes survolté. Un grand merci à Souad Asla, Alice, Amel, Lamia, Mervet, Lalia, Lamia, Marianne, Nadia, Shein, Siham, Stella… ! Remerciements que ne manque pas de formuler Mouss Amokrane, Directeur Artistique à FGO-Barbara, dans son discours d’inauguration. Sans oublier la dizaine d’autres partenaires de quartier, également remercié.es par Naïma Bourgaut et Léo Jouvelet co-directrice et co-directeur de la salle. Le top départ de Magic Barbès est donc officiellement lancé !
Mous Amokrane, Directeur Artistique à FGO-Barbara
Au micro deux actrices du quartier prennent ensuite la parole pour expliquer leur implication dans le festival : d’abord Pauline Goudot directrice de la salle Saint-Bruno très touchée de voir cette tradition de quartier perpétuée depuis près de 12 ans, et Sonia de l’association des Mères Solidaires qui offre le mot de la fin en présentant le buffet d’inauguration préparé avec soin par toutes les mamans du quartier, petites mains de l’ombre déjà à l’œuvre pendant les distributions de nourriture lors du Ramadan. C’est avec un petit four gourmand et un cocktail de bienvenue à la main, que les habitant.es du quartier s’approprient le hall de FGO-Barbara, n’oubliant pas de prêter un œil attentif aux deux expositions d’Unis Vers l’Art et Cebos dont certaines photos sont déjà bien familières aux habitué.es de la Goutte d’Or qui ne sont pas au bout de leur surprise car deux concerts de Souad Asla puis Mouss & Hakim sont donnés sur l’estrade du hall. De quoi relancer les festivités, le ventre plein et le cœur léger afin de poursuivre la soirée en musique. L’assemblée entonne la plupart des chansons, devenues depuis des dizaines d’années des hymnes qui ont transcendé le simple quartier de Barbès. Car c’est aussi ça Barbès, un formidable noyau de créativité et de talents qui fait entendre sa voix bien au-delà de ses frontières. Barbès est social, Barbès est magique !
Souad Asla en concert surprise dans le hall de FGO-Barbara
21h, la fête se dédouble en salle de concert avec l’incroyable banquet musical des Exilés Poétiques. Dix musicien.nes se succèdent sur la grande scène pour conter leurs histoires d’exil, de passion et de poésie. Un instant suspendu dans le temps, devant un public très ému par les créations originales des frères Aljaramani venus de Syrie, les compositions et airs ukrainiens de Maryna Voznyuk et d'Oksana Nikitiuk, les chants indo-persans vertigineux, le violon et la guitare virtuoses de Babak et Aïda Nosrat, les incantations d’Arthur H avec le poète soudanais Moneim Rahma... le tout relevé par les flûtes étourdissantes de Joce Mienniel et la harpe enchantée de Morgane Le Cuff. Autant d’oiseaux rares qui ont su prodiguer à toute l’assemblée une médecine de l’âme à la fois apaisante et euphorisante.
Concert des Exilés Poétiques à FGO-Barbara
En parallèle du concert, se jouait la pièce de théâtre Revolt d’Alice Birch au Lavoir Moderne, partenaire historique de Magic Barbès. Le pitch ? Un appel à la révolte qui interroge les rapports de domination et de genre, tout en mettant en crise le langage lui-même. Une façon alternative et complémentaire d’explorer la thématique de cette année : les luttes et l’engagements culturel et artistique.
Pièce de Théâtre Revolt, à voir au Lavoir Moderne
Retrouvez le récap du jour également en vidéo !